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La Gazette du Val d’Oise

mercredi 7 mars 2018

La plaine, quelle histoire !

À l’heure du projet de plantation d’une forêt, Luc Blanchard retrace, dans un livre
à paraître le 29 mars, l’histoire de cette plaine de 2 000 hectares.

« J’ai été bluffé par cette histoire ! » C’est en travaillant sur son livre sur les Brosses-et-Malais, à Bessancourt, il y a une bonne dizaine d’années, que Luc Blanchard a découvert la plaine de Pierrelaye-Bessancourt. C’est en 2015 que ce journaliste s’attaque à l’écriture de ce livre, quand le projet de forêt commence à prendre corps. Le 29 mars sortira son livre : passionnant, foisonnant d’informations, riche d’anecdotes. Il retrace près de deux siècles d’histoire de la plaine. L’auteur a aussi suivi les réflexions sur la reconversion de ce site. Comme celles de l’ancien conseiller régional Michel Vampouille (Les Verts) « qui avait voulu faire un site expérimental de plantation pour pomper les métaux lourds ».

« Bluffé ! »
Le livre de Luc Blanchard s’ouvre sur une présentation d’une carte de Cassini du XVIIIe siècle : la plaine est alors en grande partie… une forêt, exploitée pour la confection de tonneaux, de balais, de charbon de bois… Progressivement, elle va céder la place à des terrains agricoles, des landes arides. Comme un retour de l’Histoire, Nicolas Sarkozy annonce en 2011, dans le cadre de la réalisation du Grand Paris, le projet de forêt. 1 350 hectares. Une première depuis Colbert. Le bouquin démarre au XIXe siècle par un étrange projet de nécropole parisienne…

Nécropole
En 1864, le baron Haussmann et ses ingénieurs viennent trouver Eugène Bélier, le maire de Méry-sur-Oise. Les cimetières parisiens étant « trop étriqués », ils envisagent d’aménager là un immense cimetière. Le projet sera abandonné. À la place des morts, Paris décide d’y déverser ses eaux usées, car « la Seine ne parvient pas à diluer un apport journalier de 290 000 mètres cubes d’eaux d’égout ». La capitale installe dans la plaine un système hydraulique perfectionné « permettant d’engraisser les terres ». Si l’épandage a alors « de puissants détracteurs », rappelle l’auteur, une étude a montré que du point de vue des nutriments, l’urine (les matières fécales beaucoup moins) apporte tout ce dont les légumes ont besoin pour grossir (azote, potassium, phosphore, souffre). Bon appétit…
Pendant un siècle, l’épandage fait la richesse de la plaine. Son sol sableux devient riche et fécond. Paris propose de raccorder gratuitement les agriculteurs qui le souhaitent à son système d’irrigation, avec des canalisations en béton armé. L’usine élévatoire de Pierrelaye est mise en service le 1er avril 1899.

L’urine pour les plantes
À Méry-sur-Oise, la ferme de la Haute-Borne, propriété de la Ville de Paris, fait travailler plus de 400 personnes en pleine saisson ! « De pleins tombereaux de petits pois, artichauts, poireaux et autres légumes partent chaque jour pour les Halles de Paris », rappelle Luc Blanchard. En 1965, le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région de Paris sélectionne Cergy-Pontoise comme Ville nouvelle. Les infrastructures routières encerclent la plaine. Des lignes à haute tension la traversent… En 1984, les maires de Pierrelaye et de Méry-sur-Oise se retirent de la Ville nouvelle. « On commence à parler de trame verte et de zone naturelle d’équilibre », note Luc Blanchard. Chapitre 1991-2010 : c’est l’heure de « l’urgence écologique ».

Métaux lourds, chrysomèle
Sos Bessancourt (qui deviendra Sos Bessancourt environnement) naît. A sa tête, Françoise Laurent. Infatigable empêcheuse de tourner en rond. Des militants parfois peu appréciés… Le maire (Ps) de Taverny, feu Maurice Boscavert les nommait les « Khmers Verts ». En 1997, alors que le Siaap sollicite une dérogation à la loi sur l’eau de 1992, afin de continuer à irriguer la plaine, Françoise Laurent demande l’étude réalisée sur les sols et le thym, cultivé sur la plaine. L’étude prouve que la plaine est gravement polluée aux métaux lourds ! Françoise Laurent tire le signal d’alarme. La Gazette du Vald’Oise sort l’affaire, reprise par la presse nationale. Scandale. En mars 1998, la préfecture interdit à la vente le thym cultivé sur la plaine, puis en 1999 l’ensemble des produits maraîchers, obligeant les agriculteurs à partir, et ceux qui restent à se reconvertir, dans le maïs notamment. Les maires du secteur vont alors créer un syndicat pour reprendre en main l’avenir de cette plaine, le Siecuep. Reste encore quelques péripéties, comme l’attaque du maïs par la chrysomèle (un insecte). La nouvelle charte d’environnement et d’urbanisme préconise le boisage de certaines parcelles. Avec le Grand Paris, une nouvelle polémique surgit : la Ville de Paris propose de déposer sur ses 200 hectares à la ferme de la Haute-Borne les déchets (certes inertes) issus des travaux du métro automatique du Grand Paris : 10 millions de mètres cubes ! Nouveau scandale. La plaine, encore une fois la poubelle de la capitale ?

Une forêt !
Le projet controversé sera abandonné. En 2014, naissance du Syndicat mixte d’aménagement de la plaine (Smapp). Le travail des élus autour de la forêt commence vraiment. Le projet de forêt est aujourd’hui au stade de la concertation. Coût estimé : 80 millions d’euros. Reste encore du travail : rachat des terres, question des gens du voyage… La plantation pourrait démarrer en 2020 et aboutir en 2050 à une luxuriante forêt d’un million d’arbres ! C’est le dernier chapitre du livre. Un nouveau destin pour cette plaine, après deux siècles d’une folle histoire.

Daniel CHOLLET


Voir en ligne : La Gazette du Val d’Oise


■ Plaine en devenir, histoire de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt, par Luc Blanchard, aux éditions Studio graph, paraîtra le 29 mars, jour de la réunion de clôture de concertation, à Saint-Ouen-l’Aumône. Prix de vente : 20 €.

Site en travaux

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